quarta-feira, 21 de setembro de 2011

FRANCE - LE CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE D'EMERGENCE

[La politique de la ville en France : fondements, évolutions et enjeux
Dossier ressources ORIV- août 2009 5, pp  4-6]

1. LE CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DEMERGENCE

La crise du logement

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France se retrouve dans une situation d’extrême urgence face à la pénurie de logements. Cette situation est due aux destructions de la seconde guerre mondiale, à une augmentation importante de la population (arrivée massive d'immigrés pour la reconstruction de la France, puis un peu plus tard dês rapatriés d'Algérie et des anciennes colonies, des Harkis…) mais aussi à une situation plus ancienne : la France a toujours manqué de logements et dês la révolution industrielle du 19ème siècle le nombre de logements construits, accessibles aux classes moyennes et pauvres, a été insuffisant.

Afin de pallier cette situation de crise, de grandes opérations de construction sont lancées dans toutes les agglomérations dès la fin des années 1950, dans une logique d'économie de moyens et de matériaux. Les grands ensembles d'habitat social (Habitat à Loyer Modéré - HLM) sous forme de tours et de barres sont nés, quartiers d’habitat populaire avec pour unique fonction d'héberger les classes moyennes.

Construits rapidement, sur des modèles standardisés et avec des matériaux peu coûteux, ils ne sont pas faits pour durer mais répondent à un réel besoin et sont appréciés pour leur confort (chaque appartement à ses propres sanitaires, l'eau courante et le chauffage). Les employeurs de l’industrie contribuant à cet effort de construction de logements vont proposer à leurs salariés d’y résider.

Dans le même temps, ces logements permettent de résorber les îlots d’habitat insalubre (cités de transit etc.) et vont également profiter à la population immigrée. Plus généralement ces logements répondent à une logique spécifique de la France dês « trente glorieuses ». En effet ils s'inscrivent dans un parcours résidentiel et sont conçus comme un tremplin pour les classes moyennes avant d'accéder à la propriété.

Ainsi, l'Etat encourage fortement la construction ou l'acquisition de maisons individuelles par un arsenal d'aides à la pierre et de mesures incitatives pour les particuliers. De ce fait, les grands ensembles jouent un rôle « d'ascenseur résidentiel » où le « turn over » des résidents est régulier et s'inscrit dans une logique de parcours de vie.

La crise socioéconomique

Les chocs pétroliers des années soixante-dix et l’installation durable de la crise économique vont fortement perturber le schéma de peuplement des grands ensembles. Les populations les plus aisées vont peu à peu quitter ces quartiers et lês habitants les plus précaires vont se retrouver « bloqués » dans ces espaces urbains.

Ce sont eux, les classes « moyennes inférieures », qui vont être le plus durement touchés par la crise et la montée du chômage. Peu à peu, les quartiers d'habitat populaire vont concentrer les habitants cumulant des difficultés économiques et/ou sociales et de fait se retrouver « en dehors » (de la ville, de la société...).

Autre conséquence de la crise économique, l’arrêt de l'immigration de travail va considérablement changer les conditions de vie des immigrés. Désormais, le processus migratoire va essentiellement concerner les familles, dans une logique de regroupement familial. Les pouvoirs publics vont peu à peu prendre conscience dês enjeux d'intégration qui se posent à la société. Par ailleurs, les immigrés seront lês premiers touchés par la crise économique et donc par le gel des mobilités résidentielles.

Ces éléments dessinent peu à peu des espaces qui de territoires de transition deviennent des territoires d’exclusion, renforcés par des processus de concentration de populations précarisées.

La crise du lien social et l’émergence du processus d’exclusion C’est dans ce contexte qu’apparaît une nouvelle forme de problèmes sociaux : l’exclusion. Le terme d'exclusion sociale émerge en France vers le milieu des années 80. A l'origine, il se rapportait à des catégories de gens qualifiés de « cas sociaux » qui ne bénéficiaient d'aucune protection sociale. Les réalités évoluant, le terme renvoie peu à peu à un processus de « désintégration sociale », dans le sens d'une rupture progressive des relations entre l'individu et la société. Cette rupture résulte d'une double crise : crise du lien social (déclin des institutions d'encadrement ou de représentations collectives comme l'école, l'Etat, les syndicats...) et crise de l'emploi.

L'exclusion met en cause la société dans son ensemble. Alain Touraine, sociologue, considère la société comme « duale ». Auparavant l'opposition était verticale, « ceux d'en haut contre ceux d'en bas ». Cette opposition, quoique basée sur un rapport dominant-dominé, permettait une identification collective et positive. Elle s'inscrivait également dans une logique d'interdépendance. Avec l’exclusion, il s'agit d'une opposition horizontale, « ceux du dedans face à ceux du dehors ». Dans ce cas, aucune identification n'est possible et le processus à l'oeuvre est celui de la différenciation. L'exclusion est le produit d'un défaut de cohésion sociale globale.

Si le processus d'exclusion peut toucher tout individu, il se cristallise plus particulièrement sur certaines populations et sur certaines zones géographiques, à savoir plus particulièrement les villes concentrant des quartiers d’habitat populaire. On
constate donc une double fracture : fragmentation sociale et urbaine. Toutes ces situations vont faire des quartiers d'habitat populaire des territoires d'exception, cumulant les difficultés structurelles d’un urbanisme rapide et monofonctionnel et les difficultés sociales des résidents. Ces nouvelles formes d'exclusion et la concentration sur certains espaces de populations paupérisées et/ou fragilisées ont nécessité une transformation des politiques publiques considérant les modalités d’action en vigueur (travail social individuel) comme inopérantes. A la création de ces dispositifs d’exception, il paraissait alors indispensable aux professionnels de rompre avec le travail social traditionnel. L’approche se voulait locale, à l’échelle des quartiers en difficultés, dans une logique de zonage territorial, mais aussi partenariale. C’est ainsi qu’est née ce qu’on appellera par la suite la « politique de la ville ».

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